« Après 1962, la France a mené 230 opérations extérieures dans lesquelles il y a eu 700 morts et autant de blessés graves. A chaque fois, autour de 10 000 soldats y ont été engagés » explique le Colonel Michel Gagnaire . Des soldats qui, pour la plupart, sont des anciens combattants, au même titre que ceux des autres conflits. Enfin, pas tout à fait. « Il n’y a pas encore de commémoration officielle pour les célébrer. »
Connu pour être adjoint au maire, en charge de la sécurité et des anciens combattant, Michel Gagnaire, 68 ans, est surtout un militaire de carrière qui affiche quarante ans dans l’armée, dont quatre comme réserviste.
Il entre dans la Légion étrangère comme officier, d'abord au régiment d'instruction de la Légion étrangère comme chef de section, puis au 4ème régiment étranger comme chef de section et capitaine adjoint d'une compagnie. La Légion ? « Il y a le mythe de la Légion qui correspond à mon tempérament » explique le colonel Gagnaire, du voyage et de l’action.
En 1992, Michel Gagnaire va en avoir avec une mission de 8 mois au Cambodge, dans le cadre des Nations-Unies « Il s’agissait d’appliquer les accords de Paris de 1991 après le départ des Khmers rouges du pouvoir. »
Il est envoyé dans un village isolé, vit « à la cambodgienne en allant chercher l’eau au puits » et il est ravitaillé par hélicoptère. Cette mission est restée son meilleur souvenir dans l’armée. « Le Cambodge sortait de vingt ans de guerre et je me suis retrouvé en quelque sorte à la tête d’un village de 450 habitants où je faisais office de juge, de médecin. J’ai même participé à la construction d’une école » raconte le colonel qui a eu le sentiment « d’être utile ».
Si l’ONU est « un gros machin » Michel Gagnaire a tout de même « le sentiment de servir la paix et à travers cette mission de servir la France ».
Dix ans plus tard, direction l’ex-Yougoslavie, avec la brigade franco-allemande, pour sécuriser Sarajevo et s’assurer du bon déroulement des élections. Il y restera quatre mois. Des semaines intenses où son « unité essuiera treize actions de feu et de combat. Mais personne n’a été blessé ».
Troisième opération extérieure, en tant que réserviste. Retour en ex-Yougoslavie, mais cette fois à Mostar, en tant que chef de la cellule renseignements.« Je devais recueillir toutes les informations qu’enregistraient nos services lors d’opérations ou de survols en hélicoptère. Tous les matins je faisais le point sur la situation pour le chef d’état- major allemand » explique le colonel Gagnaire.
Aujourd’hui, il garde de l’armée un souvenir « fantastique ». « C’est un métier qui apprend à s’adapter à des situations différentes et qui enseigne la modestie. Il faut aussi rester au top niveau de sa condition physique » insiste le colonel Gagnaire.
Le militaire cède la place à l’élu pour évoquer la mémoire des anciens combattants : « Le 11 novembre va devenir la journée d’hommage national. C’est important d’organiser une belle cérémonie. Aujourd’hui, il y a beaucoup de journées d’hommage et de souvenir, mais de moins en moins de participants ».