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Roger Desmette, un français libre

Ancien des Forces Françaises Libres ce Cagnois de 95 ans s’est engagé en Afrique pour débarquer à Marseille.

Pour comprendre qui est Roger Desmette, il faut connaître cet événement qui s’est déroulé en 1960 à Dakar, au moment de la décolonisation. « Je passais devant l’université. Il y avait une manifestation d’étudiants. Ils brûlaient un drapeau Français. Je me suis arrêté, j’ai récupéré le drapeau et je leur ai dit : « brûlez-moi plutôt, mais laissez le drapeau ». Je l’ai récupéré et suis parti avec… », raconte-t-il, assis dans son coin à lui, une petite pièce où s’amassent les souvenirs de ses années africaines.

Roger Desmette n’a jamais eu froid aux yeux. Il a mené sa vie comme il l’entendait et a toujours gardé cet amour de la France que lui ont inculqué les jésuites.

Une forte tête ! Il perd sa mère et n’accepte pas que son père veuille se remarier. Il quitte son domicile à 17 ans et part pour l’Algérie, « Je voulais y trouver du travail, mais n’étant pas majeur, la seule solution que j’avais, c’était de m’engager ». Il intègre la 19e section d’infirmerie à côté d’Alger. Muté aux portes du Sahara, il décide de changer de poste et se rengage dans une compagnie de transports de troupes à Casablanca.

« J’ai très vite été gaulliste » Quand la guerre éclate, il se trouve au Maroc. C’est de l’Afrique du Nord qu’il écoute les premiers discours de De Gaulle : « J’ai très vite été gaulliste, car j’ai compris que c’était l’homme qui allait nous changer la vie et libérer la France » Il décide de rentrer en France et de se faire démobiliser. À Clermont-Ferrand, il rejoint sa correspondante de guerre et trouve du travail dans une fonderie. La correspondante est trop « à la colle avec les Allemands ». Il s’en éloigne. Et les Allemands ? Lors d’une visite de contrôle de son usine, il insulte des soldats Allemands et Italiens. « Le soir, on m’a dit que la Gestapo allait venir me chercher. Je suis parti » raconte-t-il. Il rejoint une caserne des forces françaises pétainistes et s’engage dans une unité militaire motorisée et demande à rejoindre l’Algérie.

Dans sa nouvelle unité, il parle de ses idées gaullistes : « On m’a mis en quarantaine. Je devais dormir dehors sur un banc ». Il se sent mal au milieu de ces soldats pétainistes. Le salut vient d’un contrat de travail qu’il reçoit pour aller en Afrique, en tant qu’agent sanitaire. « Comme je n’avais signé aucun contrat avec l’armée, je suis parti », rigole-t-il encore aujourd’hui.

Après plusieurs mois à soigner les malades en Haute Volta, il est remobilisé…Cette fois dans les Forces Françaises Libres. Direction le Maroc. Il reçoit par les troupes américaines une formation et un armement puis est expédié de la Méditerranée avec le reste de la Première Armée française de Lattre de Tassigny : « J’ai débarqué à Marseille dans un liberty ship, du côté de l’Estaque sous les acclamations des habitants ».

C’est à Marseille qu’il rencontre Lucienne, son épouse. Mais pas le temps de conter fleurette.

Son unité, la 506ème compagnie de transports, doit suivre les combats. Il participe à la libération de Vesouls et de Besançon, puis à celle de Royan et de l’île d’Oléron, « en livrant les munitions et le ravitaillement » Il a eu la chance de n’avoir jamais été blessé. « Ce n’est pas faute d’avoir été visé », lâche-t-il, avec son regard bleu, direct, franc, presque autoritaire. A 95 ans, Roger Desmette a gardé une mémoire intacte. Il se rappelle de tout, ou presque, des événements de sa riche vie. Il y a quelques années, il était encore porte-drapeau pour l’Amicale des Français Libres, une association qui est maintenant représentée par l’UNC. Une croix de Lorraine sur du bleu du blanc et du rouge. Un drapeau que Roger Desmette portait depuis 1978.

Un drapeau qui lui tient à cœur.