J'envisageai depuis longtemps un périple dans les 3 pays caucasiens : Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan. Hélas les combats survenus en août en Géorgie entre les troupes russes et géorgiennes pour le contrôle de l'Ossétie du sud ont contrarié ce projet, le quai d'Orsay déconseillant formellement de se rendre en Géorgie. J'ai donc été amené à me limiter à la seule Arménie qui en constituait l'attrait et l'intérêt principalement.

Le 20ème de la France par sa superficie, l'Arménie essentiellement montagneuse, bordée par l'Azerbaïdjan, la Turquie, l'Iran et la Géorgie les 2 derniers voisins avec laquelle elle entretient d'excellentes relations et échanges commerciaux, ainsi qu'avec la Russie, a une population de 3,4 millions d'habitants, dont 1,3 million à Erevan. Fréquemment convoitée, plusieurs fois annexée, l'Arménie est devenue totalement indépendante en 1991. Les différentes occupations n'ont jamais réussi à la détourner de ses attaches chrétiennes. Berceau du christianisme qui devint religion d'État en 301 de notre ère avec la conversion du roi Tiridate IV par Saint Grégoire l'Illuminateur.

L'actuelle république ne constitue qu'une partie infime du pays arménien ce territoire historique qui correspond au haut plateau arménien qui surplombe les plateaux anatolien et iranien ainsi que les plaines mésopotamiennes et transcaucasiennes. Tout au long de ce circuit j'ai été frappé par le patrimoine culturel exceptionnel : églises érigées dès le 7ème siècle, monastères médiévaux dont le fleuron est celui d'Haghpat, inscrit à l'UNESCO et par la grande variété des "pierres de croix", "les croix de pierre" les fameux"Khatchkars", œuvres de graveurs talentueux qui ornent ces monastères. Etchmiadzin, siège du Catholicos, chef suprême de l'église arménienne autocéphale, des sites grandioses tel que le canyon de Noravank, le panorama de Khon Virag à la frontière turque sur le mythique Mont Ararat (5165m), la forteresse médiévale d'Amberd à 2300m d'altitude dans un décor majestueux et le lac Sevan, étendue d'eau claire comme 3 fois le lac Léman, les "Khatchkars" qui valent à l'Arménie d'être considérée comme un véritable musée à ciel ouvert. Parfois une route escarpée et étroite nous réserve une surprise : un troupeau de vaches ou de moutons traverse tranquillement.

Erevan , a une université réputée et reconnue dans le monde. Située à environ 1000m, la capitale connaît un extraordinaire dynamisme, partout de nombreux chantiers et de grands travaux ; à côté de bâtiments anciens de l'époque soviétique, se fait jour un urbanisme moderne. Dans la célèbre avenue Abovian qui a des airs de rue du Faubourg Saint Honoré parisienne, des boutiques de luxe et une jeunesse en soif de vivre, après le difficile apprentissage de l'économie de marché, consécutif à la dislocation de l'URSS. Ici les amateurs de musées auront le choix et pourront découvrir des collections d'art remarquables et particulièrement au Musée National situé sur la magnifique et immense place de la République où se rejoignent en ellipse dans une harmonie superbe, les bâtiments gouvernementaux, la Poste, l'Hôtel Arménie racheté par la chaîne américaine "Marriot".

Avant de quitter Erevan, visite des caves de cognac "Ararat", reprise par Pernod-Ricard, dégustation (à consommer avec modération) et enfin sur une colline ce haut lieu du souvenir le Mémorial du Génocide de 1915, inauguré en 1967, en se recueillant devant la flamme éternelle, on est saisi d'une indicible émotion.

L'Arménie a vu naître des intellectuels, des artistes, des peintres de renom, bien sûr Charles Aznavour, qui a sa place à Erevan, mais n'oublions pas également, Henri Troyat, Michel Legrand, Alice Sapritch ou Carzou, mais aussi dans un autre domaine Mikoyan, inventeur du fameux Mig soviétique.

Cette histoire riche, mais douloureuse ne doit pas occulter les merveilles de ce pays attachant, au patrimoine millénaire inestimable et à la chaleur de ses habitants, fortement liés à la France.

Dépaysement assuré.

Etchmiadzine, siège du Catholicos patriache suprême de l'église arménienne

---